Parole de Newzicien : Thierry Fanfant

Mercredi 27 août nous avons eu la chance de recevoir Thierry Fanfant dans nos bureaux. Il est bassiste, contrebassiste mais aussi compositeur, arrangeur, réalisateur, producteur… C’est un artiste extrêmement complet qui a enregistré plus de mille albums dans énormément de styles différents. Il a notamment collaboré avec Michel Sardou, Bernard Lavilliers, Francis Lockwood, Carlos Santana,… On pourra le retrouver sur scène avec Ibrahim Maalouf en 2021.

Newzicien de longue date, nous avons évidemment souhaité profiter de sa précieuse expérience pour échanger avec lui sur la musique, sur son rapport aux partitions et sur les nouveaux outils numériques dédiés au travail de la musique.

Comment es-tu devenu musicien ?

Je suis musicien autodidacte. J’ai appris à jouer de la basse dans l’orchestre de mes parents : à l’âge de 12 ans j’ai commencé à faire de la scène. J’ai appris à lire la musique avec un ami copiste avec qui j’étais parti en saison (il m’avait pris sous son aile, on partageait la même chambre !). Il m’a appris à écrire la musique dans les règles de l’art. J’ai toujours ce problème justement : sur des partitions mal écrites je galère un peu parce que j’ai l’habitude que les choses soient écrites de manière fluide et simple. C’est pour ça que je préfère le numérique : je m’y retrouve facilement.

Pour la petite anecdote je fais partie d’une famille de musiciens depuis six générations, on fait tous de la musique. Au départ j’avais pas vraiment choisi d’en faire mais c’est vrai que le matin quand j’avais cinq-six ans et que je me levais pour aller boire mon petit Nesquik, je traversais un couloir dans lequel il y avait toujours une batterie, un xylophone, une conga,… Donc j’avais toujours des instruments sous la main.

J’ai parfois du mal à lire certaines partitions papier, car j’ai l’habitude que les choses soient écrites de manière fluide et simple. C’est pour ça que je préfère le numérique : je m’y retrouve facilement.

Et puis un jour j’ai eu un petit peu de sous et j’ai dit à mon père « Papa, j’aimerais bien m’acheter une basse ou une mobylette ». Il m’a répondu « achète-toi une basse, comme ça tu pourras faire des concerts pour gagner de l’argent et après tu pourras t’acheter une mobylette ». Finalement j’ai eu plein de basses, et jamais de mobylette !

Selon toi, est-il possible de faire de la musique tout seul ?

Il ne faut jamais oublier qu’on fait toujours de la musique par plaisir. On a tous vu quelqu’un faire de la musique, jouer d’un instrument et on s’est dit « j’ai envie de faire ça ». Il ne faut jamais perdre ça de vue : ce qui a dicté notre choix c’est le plaisir.

Cependant on ne choisit pas de faire de la musique pour jouer tout seul, mais pour le faire à plusieurs et le partager. C’est en ça que la notion de plaisir est importante parce qu’on doit partager ce plaisir avec les autres musiciens puis le faire partager au public qui vient écouter.

D’ailleurs c’est ce que je trouve super avec Newzik : cette idée de partage est accentuée puisqu’on peut partager nos partitions, nos annotations en un clic, et travailler ensemble sans avoir besoin d’être au même endroit.

Comment as-tu continué à faire de la musique en étant confiné ?

Pendant le confinement on était beaucoup en lien entre musiciens. On a fait beaucoup de projets ensemble. Avec Newzik, on a pu continuer à faire de la musique ensemble en s’envoyant des fichiers, des projets – bref, en partageant. On était confiné chacun chez soi mais on pouvait garder le lien, et on s’est également équipé en micros, cartes sons et différents logiciels.

Quelle est ta vision quant aux solutions modernes pour faire de la musique ?

Moi je viens d’une génération où on avait des agendas en papier, des téléphones fixes et on bossait beaucoup. J’ai enregistré plus de mille albums, j’ai connu des journées où j’avais parfois trois ou quatre séances ! Et tout ça se faisait par téléphone ou par papier.

Aujourd’hui on se rend compte que tout est numérique : les agendas sont synchronisés, on s’envoie des partitions numériques… Mais on travaille de la même manière en fait. Aujourd’hui on a des outils incroyables pour ralentir les mp3, on a Youtube, on peut apprendre à jouer d’un instrument sans bouger de la maison en regardant des tutos… Il y a plein de possibilités.

Pendant le confinement on était beaucoup en lien entre musiciens. Avec Newzik, on a pu continuer à faire de la musique ensemble en s’envoyant des fichiers, des projets – bref, en partageant.

Cependant cela ne remplacera jamais un accompagnement : une rencontre, des conseils, une formation. C’est ce qui crée le plus grand lien : arriver à partager et à s’accompagner les uns les autres.

Quel est ton rapport aux partitions ?

En tant que musicien autodidacte (j’ai commencé par la guitare) je suis devenu un génie très vite : j’ai inventé le Do Majeur le lundi, puis le Do7 le jeudi… En fait pendant des années je ne savais pas où étaient les notes sur mon manche.

Puis j’ai rencontré quelqu’un qui m’a expliqué les modes, les harmonies, l’improvisation, puis des gens qui m’ont appris l’écriture,… A un moment je me suis rendu compte que les partitions et l’écriture étaient quelque chose d’important si je voulais évoluer.

Il y a plein de musiciens exceptionnels qui ne jouent pas une note de musique ! Mais c’est vrai que moi faisant du studio, jouant de beaucoup de styles différents, j’ai besoin de cet outil pour avancer. On peut très bien écrire un roman en le dictant sur un dictaphone mais c’est vrai que quand on sait lire et écrire c’est un peu plus simple.

Et puis surtout j’ai commencé à faire des arrangements, des projets, à être régulièrement directeur musical donc il faut avoir des connaissances. Avant avec le papier j’avais du mal à être plus rapide que je ne l’étais déjà, maintenant avec le numérique c’est vrai que je suis beaucoup plus efficace.

D’ailleurs, pourrais-tu nous raconter ta transition vers le numérique ?

Lors d’un déménagement j’ai fait mes cartons et je me suis rendu compte que je gardais toutes mes partitions depuis l’âge de 20 ans ! Aujourd’hui j’en ai un petit plus (du double) et quand j’ai vu qu’il fallait porter tous ces cartons-là je me suis dit que c’était pas possible, je pouvais pas garder tout ça ! Alors j’ai gardé quelques partitions de personnes qui ne sont plus là, des artistes avec qui j’ai bossé qui nous ont quittés et qui avaient annoté des choses. C’était plus de manière sentimentale.

Mais tout ce qui est usuel je l’ai scanné. Et puis j’ai commencé à bosser avec des programmes musicaux et ça facilite la vie, c’est incroyable comme tout est plus rapide. En plus avec le cloud j’ai toujours accès à tout, que je sois chez moi ou non, sur mon iPad ou mon iPhone. Je suis tout le temps connecté, comme tout le monde.

Quel regard portes-tu sur la démocratisation d’outils comme Newzik ?

Ce sont des outils complexes mais ce sont des choses qui nous permettent d’écrire et d’annoter rapidement. Pour arriver à diffuser un outil comme Newzik, il faut simplement dépasser cette “peur” de sa complexité.

Ce que je trouve super avec Newzik, c’est qu’on peut partager nos partitions, nos annotations en un clic, et travailler ensemble sans avoir besoin d’être au même endroit.

Moi j’invite souvent les musiciens à suivre des formations, parce que quand on ne connaît pas ça peut être compliqué, rébarbatif. Mais une fois qu’on a fait une formation on se rend compte qu’en fait on va beaucoup plus vite, donc on peut vraiment se consacrer à la musique sans s’occuper des machines. Il suffit que les musiciens prennent le temps d’apprendre et ils verront à coup sûr que c’est pour se simplifier la vie.

Team papier ou Team Numérique ?

Avant j’avais des agendas à la main et mon planning changeait tout le temps, donc j’écrivais tout au crayon de papier pour pouvoir gommer. Sur certaines semaines ça devenait un gribouillis pas possible ! Exactement comme les partitions papiers qui s’abîment à force de les annoter.

Maintenant avec les smartphones on a tous l’habitude d’avoir sur nous en permanence un appareil photo, un agenda, de quoi écrire, envoyer, écouter… Le numérique c’est ça en fait. Avec des outils comme Newzik on nous donne une partition papier, on la scanne tout de suite, on l’importe, on la partage, on annote, on dit « là attention je vais changer tel truc », je mets les paroles pour les chœurs, et voilà : en un clic c’est envoyé et tout le monde l’a.

C’est effectivement très « geek » à la base et très technique mais c’est un gain de temps incroyable. Je me rends même compte que maintenant je vais plus vite à saisir une partition qu’à l’écrire ! Plutôt que d’avoir à écrire Couplet 1, couplet 2… j’ai juste à faire copier-coller et voilà, j’écris beaucoup plus vite !

Donc Team Numérique, évidemment, je le suis depuis quelques années maintenant !

Où est-ce qu’on peut te retrouver (ou plutôt t’écouter) ?

En ce moment on peut me retrouver, comme beaucoup de musiciens, plutôt au bar du coin de la rue !

Je reprends la tournée d’Ibrahim Maalouf l’année prochaine, parce qu’elle devait commencer le 27 mars (d’ailleurs c’est le jour de mon anniversaire si vous voulez me faire un petit cadeau) mais elle a été reportée d’un an.

Les concerts reprennent lentement plutôt dans des petites et moyennes salles : des clubs, des petits théâtres. Moi je travaille beaucoup à la maison et j’ai accentué ce côté-là pour faire du télétravail ! Cela me permet de passer plus de temps en famille aussi.

Le mot de la fin ?

Achetez français… Et je me comprends ! 🇫🇷

Aurel Beaumann

Marketing manager

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