Accorder son instrument : oreille ou accordeur, que choisir ?

Accorder son instrument est un passage obligé pour tous les musiciens. Certains le font encore à l’oreille, en s’appuyant sur leur sens de l’écoute. D’autres préfèrent utiliser les accordeurs (pince, appli ou accordeur connecté). Les deux méthodes coexistent aujourd’hui dans la pratique musicale et chacune a ses avantages. Alors, faut-il encore apprendre à accorder son instrument à l’oreille, ou bien se laisser guider par la technologie ?

Accorder son instrument : oreille ou accordeur, que choisir ?

L’accord à l’oreille : un savoir-faire qui a façonné des générations de musiciens

Avant que les accordeurs électroniques ne se démocratisent, accorder son instrument passait uniquement par l’oreille. Cette habitude a marqué des générations de musiciens. Les violonistes sortaient leur diapason pour ajuster leurs cordes, les guitaristes demandaient à un copain de leur donner un La, les pianistes s’alignaient sur l’instrument le mieux accordé de la salle. C’était un rituel, parfois fastidieux, mais qui faisait partie de l’apprentissage.

Pourquoi accorder son instrument à l’oreille ?

Accorder à l’oreille demande de la concentration et de l’expérience. Le musicien doit savoir reconnaître si une note est trop haute ou trop basse, puis corriger progressivement. L’accordage à l’oreille :

  • développe l’oreille relative : la capacité à identifier les intervalles (ton, demi-ton, quinte…),

  • apprend à repérer les micro-décalages de hauteur,

  • stimule l’oreille absolue, qui permet de reconnaître directement une note sans référence.

Cette compétence s’avère particulièrement précieuse en musique de chambre, en chorale ou en orchestre, où il faut s’accorder non seulement avec soi-même, mais aussi avec les autres. Les musiciens de jazz et de classique y tiennent beaucoup : un orchestre ne s’accorde pas sur un accordeur mais sur le hautbois et un quartet de jazz ajuste sa justesse en fonction de la couleur commune qu’il veut créer.

Au-delà de la justesse, accorder à l’oreille crée une sorte de lien intime avec l’instrument. On apprend à reconnaître sa sonorité, à sentir ses vibrations et ses variations selon l’humidité, la température ou l’usure des cordes. Pour un musicien, c’est une façon de mieux comprendre son outil de jeu et de s’y adapter en temps réel.

 

💡 Astuce : pour s’exercer, commencez par comparer deux cordes qui doivent former une quinte (par exemple La–Mi sur une guitare). Le battement sonore que vous entendez (ce petit “wah-wah” qui vibre) disparaît quand l’intervalle est parfaitement juste.

 

Des limites bien réelles dans la pratique d’aujourd’hui

Cet apprentissage, aussi formateur soit-il, n’est pas simple. Les débutants se sentent souvent perdus : difficile de savoir si la note est légèrement trop basse ou trop haute. Le processus peut vite devenir frustrant et décourageant. Même pour les plus expérimentés, accorder à l’oreille n’est pas toujours adapté. Sur une scène bruyante, dans une salle pleine de réverbérations ou lors d’une répétition rapide, la précision devient compliquée à obtenir.

Des pratiques qui varient selon les univers musicaux

Il y a aussi une différence selon les univers musicaux, au-delà des générations. Les musiciens classiques et jazz sont baignés dans cette tradition d’accord à l’oreille, parce qu’elle fait partie de la culture collective. À l’inverse, dans les musiques actuelles, où beaucoup de musiciens apprennent en autodidacte, l’usage d’un accordeur s’impose plus naturellement. La priorité n’est pas de développer l’oreille relative mais d’obtenir rapidement une justesse fiable, que ce soit pour répéter, enregistrer ou monter sur scène.

Les nouveaux outils pour accorder son instrument

Aujourd’hui, rares sont les musiciens qui ne possèdent pas un accordeur. Dans l’étui de guitare, dans la poche ou directement sur le téléphone, c’est devenu l’allié numéro un pour gagner du temps et éviter les mauvaises surprises. Si l’oreille demande de la concentration et de l’expérience, les accordeurs apportent fiabilité et rapidité.

Les accordeurs à pince : petits mais costauds

Le plus répandu, c’est sans doute l’accordeur à pince. Petit, discret, il se fixe directement sur la tête de l’instrument en quelques secondes et capte ses vibrations. Résultat : pas besoin de tendre l’oreille, l’accordeur fonctionne même en plein concert ou dans une salle de répétition bruyante. L’accordeur à pince capte les vibrations directement dans le bois, donc zéro interférence sonore. Même si elles sont pratiques, ces petites pinces s’égarent facilement… Voilà pourquoi les guitaristes en font la collection.

 

💡 Astuce : gardez toujours un accordeur à pince fixé sur votre instrument : même éteint, il devient un petit “pense-bête” pour vérifier régulièrement votre accordage.

 

Les applications mobiles : l’accordeur de poche

Viennent ensuite les applications mobiles (GuitarTunan-Track TunerCleartune…). Il suffit de sortir son téléphone, de lancer l’appli et de jouer une note pour avoir un retour visuel immédiat. Simples, gratuites ou presque, elles rendent l’accordage accessible à tout le monde, même aux débutants qui ne savent pas encore reconnaître une corde trop tendue. Certaines vont plus loin en proposant des accordages alternatifs, très prisés des guitaristes de folk ou de rock.

Souvent accompagnées d’un métronome intégré, les applications d’accordage sont très pratiques pour les répèt’. En revanche, le micro du smartphone capte tout, y compris les bruits parasites. Elles conviennent donc davantage à une utilisation dans un espace calme.

Les accordeurs intelligents : la nouvelle génération

Et puis, il y a la nouvelle génération : les accordeurs dits “intelligents”. Certains modèles, comme le Roadie Tuner, vont jusqu’à tourner les mécaniques à la place du musicien. D’autres donnent des indications lumineuses ou vibrantes pour guider la main. C’est bluffant de rapidité, surtout quand il faut accorder plusieurs instruments d’affilée. Mais ces outils soulèvent une question : si la machine fait tout, qu’advient-il de l’oreille ? Beaucoup de professeurs recommandent de les utiliser, mais sans en abuser, pour éviter que l’accordage ne devienne une simple formalité technique. Ils restent un gain de temps énorme, surtout quand on doit accorder plusieurs instruments d’affilée.

En l’espace de quelques années, ces outils ont totalement changé les habitudes. Accorder à l’oreille pouvait prendre plusieurs minutes, parfois plus pour un débutant. Avec un accordeur, c’est réglé en quelques secondes. Dans le cadre d’un concert ou d’une session studio, ce gain de temps fait toute la différence. Mais leur succès s’explique aussi par la tranquillité d’esprit qu’ils procurent : savoir qu’on joue juste, sans se poser de questions, c’est libérateur.

 

💡 Le saviez-vous ?

Avant les applis et les accordeurs électroniques, le repère universel était le diapason. Ce petit outil en métal, en forme de fourche, vibre pour donner le fameux La 440 Hz, la référence mondiale pour accorder les instruments.

Toujours utilisé dans les orchestres et les conservatoires, il reste un symbole de justesse et de tradition. Minimaliste, indestructible, il oblige le musicien à tendre l’oreille et à développer son sens de l’écoute.

 

Accorder son instrument : quand et pour qui utiliser quelle méthode ?

Faut-il choisir entre l’accord à l’oreille et l’accordeur électronique ? Pas vraiment. Les deux approches se complètent, et la plupart des musiciens finissent par jongler entre elles selon le contexte.

Pour les débutants

Un accordeur est presque indispensable. Il évite la frustration de tourner les mécaniques au hasard et permet de jouer juste dès les premières notes. Mais ce n’est pas une raison pour zapper l’oreille : prendre l’habitude d’écouter, même si l’accord n’est pas parfait au début, aide à progresser. La bonne méthode serait de s’accorder avec l’accordeur, puis à vérifier une ou deux cordes “à l’ancienne”, en comparant les sons.

Pour les musiciens intermédiaires

À ce stade, combiner les deux devient naturel. On peut utiliser l’accordeur pour poser une base solide, puis affiner à l’oreille. C’est particulièrement utile en répétition ou en groupe, où la justesse collective prime sur la précision mathématique. Beaucoup de guitaristes, par exemple, règlent leurs cordes au tuner avant un concert, puis ajustent rapidement à l’oreille pour “coller” à la couleur du groupe.

Pour les professionnels

Les pros savent que la technologie fait gagner du temps, mais qu’elle ne remplace pas l’écoute. En studio, l’accordeur est une assurance indispensable : un enregistrement raté pour cause de corde fausse coûte cher. Sur scène, il permet de se ré-accorder en quelques secondes entre deux morceaux. Mais dans un orchestre, une chorale ou un quartet, c’est toujours l’oreille qui a le dernier mot : on s’aligne sur les autres musiciens, sur l’acoustique de la salle, parfois même sur l’ambiance du morceau.

 

☺️ Les conseils de Newzik pour accorder votre instrument :

  • En répétition : commencez avec un accordeur, puis jouez quelques intervalles à l’oreille pour entraîner votre écoute.

  • En concert : gardez toujours un accordeur à portée de main, mais affinez à l’oreille juste avant d’attaquer un morceau.

  • En solo à la maison : essayez régulièrement de vous accorder uniquement à l’oreille, puis vérifiez avec un accordeur. Ça permet de progresser sans stress.

 

Guide pratique : accorder son instrument à la maison

Guitare

C’est l’instrument où l’accordage revient le plus souvent, car les cordes se désaccordent rapidement.

  • Avec un accordeur : un modèle à pince reste le plus simple. Il suffit de gratter une corde et de suivre l’aiguille (ou l’écran) jusqu’à ce que la note soit juste.

  • À l’oreille : commencez par accorder la corde de La (souvent avec un diapason ou une appli), puis utilisez-la comme référence pour ajuster les autres cordes par intervalles (Mi grave → La, Ré → Sol, etc.).

Tuto : accorder une guitare facilement pour les débutants

Violon

Le violon demande plus de finesse car la justesse se joue au millimètre sur les chevilles.

  • Avec un accordeur : commencez par la corde de La (440 Hz), puis accordez les autres par quintes.

  • À l’oreille : écoutez les “battements” entre deux cordes voisines. Quand les vibrations disparaissent, la quinte est juste.

Tuto : accorder facilement et rapidement son violon

💡 Astuce : servez-vous des tendeurs fins (au niveau du cordier) pour ajuster plus facilement, surtout si vous débutez.

 

Piano

Un piano s’accorde rarement seul : il est conseillé de faire appel à un professionnel, car c’est un travail complexe. Il faut non seulement accorder chaque corde, mais aussi gérer l’égalité entre plusieurs cordes par note, et adapter légèrement la justesse selon les registres (ce qu’on appelle le “tempérament égal”). Vous pouvez vérifier rapidement votre accord avec une appli ou un accordeur, mais n’essayez pas d’intervenir vous-même sans formation.

FAQ : tout savoir sur l’accordage des instruments

Comment accorder son instrument sans accordeur ?

On peut s’appuyer sur un diapason, sur une note de référence (le La du piano, par exemple), ou encore sur une corde déjà juste. L’idée est de comparer les sons et d’ajuster jusqu’à ce qu’ils “s’harmonisent”. C’est plus long, mais ça développe l’oreille et la précision.

Est-il vraiment utile d’apprendre à accorder à l’oreille ?

Oui, même si vous utilisez un accordeur au quotidien. L’oreille permet de s’ajuster dans un groupe, de réagir aux variations d’acoustique ou aux instruments voisins. Un accordeur donne la note exacte, mais il ne remplace pas la capacité à écouter et à s’adapter.

Quel est le meilleur type d’accordeur ?

Ça dépend du contexte. L’accordeur à pince est pratique sur scène car il capte les vibrations et ignore le bruit ambiant. Les applications sur smartphone sont parfaites pour dépanner à la maison. Les accordeurs “intelligents” et connectés offrent plus de confort, mais ne sont pas indispensables.

Combien de temps faut-il pour accorder son instrument ?

À l’oreille, il faut compter deux à trois minutes pour un musicien habitué, davantage pour un débutant. Avec un accordeur, c’est réglé en quelques secondes. C’est pour ça qu’en concert ou en répétition, la plupart des musiciens privilégient l’outil numérique.

Peut-on accorder un instrument avec un téléphone ?

Oui. De nombreuses applis gratuites ou payantes (comme GuitarTuna, Pano Tuner, n-Track Tuner…) transforment un smartphone en accordeur. Leur précision dépend du micro du téléphone et de l’environnement sonore, mais pour un usage quotidien ou en solo, ça marche très bien.

Quels sont les meilleurs accordeurs en ligne ?

Les musiciens professionnels utilisent-ils des accordeurs électroniques ?

Absolument. En studio ou sur scène, la rapidité et la fiabilité priment. Beaucoup de pros commencent avec un accordeur, puis ajustent à l’oreille pour retrouver la couleur et la cohérence de groupe. L’un ne remplace pas l’autre, ils se complètent.

Puis-je accorder mon piano moi-même avec un accordeur en ligne ?

En théorie, oui. En pratique, non : accorder un piano est un métier. Chaque note est composée de plusieurs cordes, qu’il faut ajuster les unes par rapport aux autres avec des micro-écarts calculés (le fameux “tempérament égal”). Une appli peut vous dire si le La est juste, mais elle ne remplace pas l’expertise d’un technicien.

Quelles sont les erreurs les plus fréquentes à éviter quand on s’accorde ?

  • Tourner trop vite les mécaniques, au risque de casser une corde.

  • Se fier uniquement à l’écran d’un accordeur sans écouter le son réel.

  • Négliger les conditions extérieures : chaleur, humidité ou éclairage de scène peuvent désaccorder un instrument en quelques minutes.

  • Pour les cordes neuves : ne pas les “tirer” doucement pour les stabiliser, d’où un désaccordage quasi immédiat après installation.

 

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