Paroles de musicien : comment allier pratique musicale et vie professionnelle ?

Julien Deneuville Cor

Corniste depuis son plus jeune âge, Julien Deneuville n’a jamais arrêté de pratiquer son instrument. Musicien passionné, il poursuit sa pratique dans des orchestres d’un bon niveau tout en gardant une vie professionnelle et des loisirs. Les déménagements et les contraintes de la vie quotidienne n’ont pas empêché Julien de maintenir son assiduité dans la musique. Découvrez ses astuces de musicien amateur pour continuer à jouer de la musique, seul ou au sein d’un orchestre.

Depuis quand pratiques-tu le cor d’harmonie ?

J'ai débuté le cor d'harmonie à l'âge de 7 ans, et j'ai poursuivi sans réelle interruption depuis. Malgré une carrière très prenante, et d'autres loisirs tout aussi chronophages, j'ai toujours réussi à maintenir un bon niveau de pratique instrumentale, et à jouer dans des orchestres amateurs de bon niveau. Au fur et à mesure des déménagements par exemple, l'une de mes premières préoccupations a toujours été de trouver un orchestre qui pourra m'accueillir et me permettre de continuer à jouer.  

Pourquoi une telle ténacité ? Au-delà du plaisir de pratiquer la musique, c'est pour moi avant tout une histoire de rencontres : les professeurs, chefs d'orchestres ou collègues musiciens qui ont jalonné mon parcours et m'ont poussé vers la recherche de l'excellence, pour moi-même et pour les autres. Cette recherche de l'excellence, je la retrouve aujourd'hui dans mon métier au quotidien, et je suis convaincu que la pratique musicale y a contribué.

Que représente la pratique musicale pour toi ?

La musique m'a permis de réaliser des expériences uniques et fortes en émotions, comme participer à des concours d'orchestres de la Confédération Musicale de France (CMF), monter des spectacles avec chœur et théâtre, ou encore participer à un meeting aérien sur l'invitation de l'Armée de l'Air.

Pour toutes ces raisons, j'ai toujours souhaité poursuivre ma pratique instrumentale, et maintenir un niveau de jeu qui me permette de jouer dans des orchestres amateurs de bon niveau. Cela n'est pas toujours facile, et j'ai dû trouver des solutions pour m'organiser et m'entraîner efficacement.

Mon approche n'est sans doute pas très académique, mais l'expérience montre que cela fonctionne plutôt bien pour moi, et j'espère que cela pourra inspirer d'autres musiciens amateurs.

Qu’est-ce qui t’a le plus motivé à poursuivre ta pratique du cor ces dernières années ?

J'aurais certainement arrêté le cor depuis longtemps si je n'avais pas eu la chance de jouer dans des orchestres, en compagnie d’autres musiciens. Ce fut un déclic lors de mes premières années, alors que le travail de soliste et l'apprentissage du solfège me semblaient fastidieux. Finalement, j'ai découvert le plaisir de jouer avec d'autres musiciens, et cela m'a motivé à continuer, et à progresser. 

Aujourd'hui, l'orchestre ou les orchestres, qu'ils soient d'harmonie ou symphoniques, occupent encore une place centrale dans ma pratique. Je distingue en fait deux types d'orchestres : ceux dont je suis un membre régulier, et ceux que je rejoins ponctuellement. En tant que corniste, il n'est en effet pas rare d'être sollicité pour dépanner à un concert, participer à un projet particulier, ou encore remplacer un musicien absent.

Être membre d’un orchestre régulier est pour moi essentiel. La répétition hebdomadaire, c'est d'abord des retrouvailles avec d'autres musiciens qui sont devenus des amis. Mais c'est surtout un excellent moyen de travailler régulièrement.

Comment organises-tu les séances de répétitions de ton instrument au quotidien ?

En général, les orchestres sont organisés autour de 2 heures de répétition hebdomadaire. Si on peut s'y rendre, on consacre 2 heures uniquement à la musique. Bien entendu, ce ne sont pas 2 heures de jeu effectif, mais, même si d'autres pupitres sont sollicités, cela permet d'écouter les thèmes de chacun et de prendre des repères qui seront essentiels. 

Qui joue, à quel moment, quelle nuance dois-je adopter, quel tempo ou quel geste le chef a-t-il choisi, quelle émotion devons-nous faire passer ? J'ai tendance à beaucoup annoter mes partitions, et j'ai développé une sorte de code personnel qui me permet de le faire plus efficacement. Par exemple, une paire de lunettes au-dessus de la portée pour signifier qu'il faut regarder attentivement le chef d'orchestre.

Les orchestres ponctuels sont également très importants, car ils permettent de découvrir de nouveaux répertoires, de nouveaux chefs, et de nouveaux musiciens. C'est aussi l'occasion de se confronter à des situations différentes, et de progresser. Par exemple, c’est le cas lorsque je suis amené à jouer dans un orchestre symphonique, alors que je joue habituellement dans un orchestre d'harmonie. Les repères à prendre sont différents, le son est différent, et il faut savoir s'adapter. De plus, on n'a en général que peu de temps pour se préparer à un concert : le plus souvent une ou deux répétitions, et il faut être efficace.

La répétition est aussi un bon moyen de se mettre un peu de pression pour travailler en dehors, car on n'a pas envie d'être ridicule aux yeux des autres musiciens ! Ce n'est peut-être pas la meilleure source de motivation, mais cela rend les répétitions bien plus agréables et utiles lorsque les musiciens connaissent déjà leur partition.

As-tu des astuces pour rester assidu dans ta pratique musicale ?

J'ai personnellement tendance à mieux travailler quand j'ai un objectif précis, et je pense que c'est le cas de beaucoup de personnes, musiciens ou non. Comme un sportif qui se prépare pour une compétition, j'aurai plus de motivation à m'entraîner si je sais que c'est pour une échéance planifiée, même lointaine. Savoir à l'avance ce qui est attendu de moi m'aidera à m'organiser pour être prêt le jour J.

J'inscris chaque répétition dans mon agenda pour être sûr de ne pas l'oublier et tenter d'adapter mes rendez-vous pour ne pas la manquer. Bien entendu, c'est parfois difficile de jongler avec les obligations et les déplacements, et j'ai tendance à privilégier les rendez-vous professionnels : la musique reste un loisir. En pratique, je rate environ la moitié des répétitions, mais je m'efforce lorsque c'est possible de remplacer les répétitions manquées par du travail individuel.

Combien de temps hebdomadaire consacres-tu à la musique ?

J'essaie aussi de planifier du temps pour travailler mon instrument, en général le week-end. Entre 30 minutes et une heure, une à deux fois par semaine, c'est déjà bien et cela permet de maintenir un bon niveau. Je préfère découper le travail en petites séances régulières qui seront plus faciles à caser dans mon emploi du temps. J'augmente la cadence et la durée des séances à l'approche des concerts.

Et, puisque j'ai la chance de travailler de chez moi, j’en profite pour m’entraîner le plus souvent possible. Lorsque j'ai besoin de faire une pause dans la journée, il m'arrive de sortir mon cor et de jouer quelques minutes. Ça change les idées, et ça permet de travailler un peu l'instrument avant de se remettre au boulot.

As-tu des conseils pour être efficace lors de tes répétitions individuelles à la maison ?

Je commence par une chauffe de 5 à 10 minutes pour me mettre en condition. Commencer par poser des sons pour se calmer, mettre la colonne d'air en route et travailler la justesse, puis des intervalles et des arpèges pour réveiller les lèvres. Cette routine est assez limitée, mais me permet tout de même d'être prêt à jouer ensuite. Je la pratique également avant les répétitions, et avant les concerts. Et si j'ai davantage de temps, j'y ajoute une ou deux gammes. 

Ensuite, je passe en revue mes partitions, en m'arrêtant sur les traits difficiles pour les travailler de manière assez classique. Chacun a ses habitudes, mais je me focalise d'abord sur les notes et le rythme à tempo lent, avant d'accélérer progressivement. Une fois que je suis à l'aise avec le passage, je me concentre sur l'interprétation. Il faut bien entendu qu'elle soit en accord avec ce que le chef d'orchestre attend, mais il est pour moi essentiel de savoir quelle émotion faire passer à chaque instant pour m'approprier la partition. C'est aussi ce qui rendra le concert plus vivant et plus agréable pour le public.

En concert, tu es habitué à jouer au sein d’un orchestre. Quelles sont tes techniques pour répéter en “solo” ?

Je m'efforce de lire l'ensemble de la partition, et pas uniquement les thèmes ou les soli : certains passages qui ont l'air faciles sur le papier s'avèrent parfois plus compliqués que prévu en fonction du tempo, ou de ce que les autres pupitres jouent au même moment, alors autant être préparé.

Et, s'il me reste du temps, je pioche dans mes vieilles partitions pour rejouer quelques thèmes ou travailler un concerto par exemple. Ce sont souvent des œuvres difficiles qui feront un excellent travail technique, et prolonger la séance de travail me permet aussi d'améliorer mon endurance physique : le cor sollicite beaucoup les lèvres et l'appareil respiratoire, et avoir des muscles solides permettra de plus facilement tenir jusqu'à la fin d'un concert sans trop risquer de fausses notes.

Et lors d’un déplacement professionnel, comment fais-tu pour pratiquer ?

Vous l'aurez compris, mon activité professionnelle m'amène à beaucoup voyager, et parfois pour des durées assez longues. Hors de question d'emporter mon cor dans la grande majorité des cas, mais je m'efforce de trouver des solutions pour continuer à travailler.

La première solution que j’ai trouvée, c'est d'emporter une embouchure. Ça ne prend pas de place dans les bagages, et ça permet de travailler un peu le buzz pour garder un peu de souplesse dans les lèvres. Difficile d'aller plus loin sans instrument, mais c'est toujours ça de pris. Et puis cela peut amener à des conversations intéressantes avec les collègues de travail ou les agents de sécurité qui se demandent ce que c'est que cet objet étrange !

La seconde solution, c'est d'emporter mes partitions. Là encore, ça ne prend pas vraiment de place. Lire les partitions en jouant les doigtés dans le vide est un bon exercice quand on ne peut pas jouer. Lorsque c'est possible de trouver un enregistrement de l'œuvre, j'aime aussi lire la partition tout en l'écoutant : cela permet de mieux comprendre la structure de l'œuvre, de savoir qui a le thème à quel moment, de s'entraîner à compter les mesures, et de se faire une idée de l'interprétation. Il faudra bien entendu adapter cette dernière et les tempi en fonction du chef d'orchestre : c'est lui qui décide !

 

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